PhotoDans mes œuvres, figuration ou non-figuration mise à part, il y a toujours, réduite mais présente, une part qui évoque le sol solide sous les pieds, la transparence d'un lointain, la possibilité de circuler parmi les plans multiples et divers dans lesquels j'engage l'œil du spectateur. Je dis souvent que, pour moi, une œuvre est une promenade. Il faut pouvoir se mouvoir dans un dessin. D'où l'évocation de la profondeur. Il faut que je puisse circuler en zig-zag dans un lieu imaginaire, comme dans les décors d'un théâtre ou dans une sorte de paysage mental. (Lismonde)

Jules Lismonde (il signait ses œuvres simplement Lismonde, et n'aimait pas qu'on rappelle son prénom) est né en 1908 à Anderlecht, un faubourg de Bruxelles, de parents qui pratiquaient le dessin (son père) et la peinture (sa mère). Rien d'étonnant donc s'il se met à dessiner dès l'enfance : dans une revue de son athénée, on publie même ses dessins et ses caricatures.

Simultanément, le jeune Lismonde se montre attiré par la musique : il étudie à l'Académie de musique d'Anderlecht, et devient excellent flûtiste. A l'adolescence, il hésite entre une carrière musicale et une carrière artistique. Finalement, en 1924, il opte pour des cours à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, où il a comme professeurs plusieurs artistes renommés. A cette époque, il reçoit aussi les conseils du peintre Edgard Bytebier avec qui il parcourt le Payottenland, ce qui l'amene à peindre et à dessiner des paysages ou des vues villageoises dans un esprit à la fois romantique et symboliste. Devenu professeur de dessin en 1932, il abandonne bientôt la peinture et privilégie le fusain, captant les sites qu'il visite au gré de ses voyages et excursions, avec une prédilection pour les architectures (Rome, Athènes) et les vues portuaires (Anvers, Rotterdam, Amsterdam). Il commence à exposer ses œuvres notamment à Bruxelles, Anvers et Amsterdam.

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Entre-temps, dès 1938, Lismonde s'adonne au portrait. Son nom est alors retenu par les meilleures galeries, comme les galeries Apollo dirigées par Robert Delevoy, ce qui l'embrigade dans les salons Apport, puis ceux de La Jeune Peinture Belge (1945-1948), tandis que le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles s'apprête à exposer régulièrement ses oeuvres. Vers 1958, les paysages ou les vues urbaines qu'il observe le mènent vers l'abstraction, ce qui oriente son art vers les œuvres de la maturité qui le font connaître internationalement : participations aux Biennales de Venise et Sâo Paulo, rétrospectives à Amsterdam, et bientôt aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles (1977) et à Liège, ce qui est l'occasion d'une deuxième importante monographie par son ami Philippe Roberts-Jones.

Enfin, en 1992, au crépuscule de sa vie, le centre culturel Le Botanique de Bruxelles organise une nouvelle rétrospective de son œuvre, et montre les diverses évolutions stylistiques d'un art tout à fait original et inspiré, qui fait de Lismonde l'un des artistes-phares de l'art belge du XXe siècle.